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Reportage France 3

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  PAYSdANSe

Dans la plupart des civilisations du monde, danser, c’est prendre du pouvoir. Pouvoir de la séduction dans les bals. Pouvoir de prendre de la force. Les Indiens d’Amériques du Nord dansaient avant de partir à la guerre. Pouvoir de la célébration, pouvoir de la consolation, pouvoir de gouverner… Louis XIV dansaient pour assoir son pouvoir. Les chamans dansent pour soigner : pouvoir de la guérison. Pouvoir de la création, dans la mythologie hindoue, la danse de Shiva crée le monde, etc.

Ce qui m’intéressait dans le projet de Camille, c’est qu’elle permettait de danser tous ces pouvoirs, à des personnes dont on a peu l’habitude – dont on n’a même peut-être jamais eu l’habitude – de penser qu’ils et elles sont des  P U I S S A N T S… écrit tout en majuscule. Voir même des puissants de ce monde !

Quand une agricultrice ou un agriculteur travaille à sa terre… quand une paysanne ou un paysan passe du temps à élever, à cultiver, la nourriture que vont manger les autres : il et elle leur font gagner du temps. Temps qui ne sera pas employé à la recherche de nourriture – les anthropologues estimes que dans les sociétés de chasseurs cueilleurs, les individus passent environ 25% de leur temps à la quête de nourriture. Temps qu’ils utiliseront pour créer, chercher, philosopher, commercer, gouverner, gérer, administrer, enseigner, transmettre, soigner, etc.

Camille en nous invitant – nous paysannes et paysans – à danser nos gestes du quotidien… montre toute la force et la puissance quasi magique de cette danse de tous les jours. Quand une paysanne ou un paysan danse son quotidien, lorsqu’il ou elle répète inlassablement ses gestes qui nourrissent – et nous touchons là peut-être l’acmé du merveilleux de cette histoire – il ou elle ne prend pas de pouvoir ! Il ou elle offre du pouvoir aux autres. Et ce pouvoir offert, c’est le pouvoir de gagner du temps. Or le temps, comme la vie, est notre trésor le plus précieux. Car comme la vie, le temps perdu ne se rattrape plus.

Camille a chorégraphié, dans un élan jubilatoire pour nous tous, la part ignorée de nos sociétés, ce fait, cette évidence première que celles et ceux qui œuvrent avec la terre et ses créatures, sont à l’origine de quelque chose.

À l’origine de ce quelque chose qui nous entoure : nos campagnes, nos villes et nos villages, le département de l’Aude, la République française avec ses institutions, ses infrastructures, ses arts, sa culture, etc. Les paysannes et les paysans qui élèvent, cultivent, nourrissent, sont à l’origine de quelque chose. Mais ce quelque chose, grâce au temps qui leur est offert, ce sont les autres qui le créent.

C’est là tout le génie de Camille Cau, qui éveille et fait affleurer à la conscience cette sacro-sainte dimension du monde paysan…. En conquérant, l’espace et le temps, les paysans et les paysannes dessinent les paysages dans lesquels leurs contemporains créent et font vivre leurs civilisations.

Cécile Cayla-Boucharel _ Permacultrice, maraîchage et arboriculture.  

  • Paydanse en Lauragais : Soutenu par Arts Vivants 11 , le théâtre des Trois Ponts et la ville de Castelnaudary. 
    – 5 février 2023 à 17h – Halle aux grains de Castelnaudary 
    – 28 mai PromAude 
    -12 juin La Nuit des Forêts Brassacou (Ariège)
    -2 juillet festival Parterre 
    – 6 février 2024 PETR de l’Ariège 

  • Nouvelle création 2024
  • Paydanse en Hautes Pyrénées soutenu par TRAVERSE
    – 28 septembre 2024

 

 

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